
Les livres, comme les films ou les disques, n’échappent pas aux classements sous forme de commandes : les 100 meilleurs films ou les 20 livres qu’il faut lire. Ce n’est pas le cas avec “Les 1000 livres qui donnent envie de lire”, où Sarah Sauquet propose de (re)trouver le plaisir de lire.
Professeur de littérature, créatrice d’applications littéraires, Sarah Sauquet est entrée dans les livres lors d’un long séjour à l’hôpital. Une bénédiction déguisée pour ce lecteur qui “a su lire à un âge tout à fait normal, quand il allait à l’école”. La lecture et la fiction deviennent pour lui un refuge.
Je ne peux pas contrôler mon corps, j’ai besoin de contrôler les mots. L’univers de la littérature m’a permis de m’évader et de comprendre le monde.
Certains des livres qui ont aidé Sarah Sauquet se retrouvent aujourd’hui dans cet ouvrage de 300 pages intitulé “Les 1000 livres qui donnent envie de lire”, organisé en trois rubriques : plaire, instruire et émouvoir. Chacun est divisé en plusieurs chapitres. Vous trouverez par exemple des livres qui vous font voyager, qui vous font rire, qui éclairent, qui témoignent, qui vous font rêver.
Il n’y a pas de classement ni d’ordre de lecture dans cette anthologie, mais une libération pour ceux qui n’ont pas besoin de briller dans les salons. “J’aime particulièrement cette notion de plaisir. Et il faut aussi entendre le plaisir coupable !”, indique l’auteur à la RTS. Un plaisir protéiforme qui peut prendre de multiples formes à chaque instant de notre vie. Lectrice hermétique à la notion de hiérarchie, Sarah Sauquet aime autant lire un grand roman populaire que relire Racine ou Faulkner. “Du haut de mes 39 ans, comment puis-je légitimement dire quoi lire ou ne pas lire ?”.
La vitalité, ce « Dieu que l’on porte en soi »
Car la rencontre avec un livre est très personnelle. Vous pouvez manquer un livre, mais le retrouver plus tard. Sarah Sauquet préfère parler d’enthousiasme, ce « Dieu intérieur ». “J’ai conçu ce livre comme un ensemble de suggestions, de passerelles. Avec l’idée qu’un livre d’un auteur vous conduira plus tard à en découvrir un autre.”
Après un an et demi d’écriture, ce livre raconte le parcours d’un lecteur. Il y a beaucoup de littérature jeunesse. “Il m’a façonné”, a-t-il déclaré. Si un livre lu à l’âge de huit ans reste dans la mémoire trente ans plus tard, « il mérite d’être dans ce livre ». Pour creuser pourquoi il a marqué. C’est donc un ouvrage récent, mais aussi le parcours de toute vie. . “. Une autobiographie creuse, subjective, racontant l’histoire de l’auteur.
Musso, Camus, même combat
Voici donc un professeur qui n’a pas peur des grandes différences. Amener les best-sellers du moment (Musso, Dicker, etc.) à côté d’un prix Nobel de littérature ne lui fait pas peur, au contraire : « Il y a une volonté très claire de casser les codes. Une volonté de se voir dans mes références à la culture populaire. Je suis à la fois un lecteur et un enfant de la télé : ils me font aller vers les livres parce qu’il y a une porosité entre eux ».
Les auteurs suisses ne sont pas en reste dans “Les 1000 livres qui donnent envie de lire”: Ramuz reste son préféré avec “Derborence” et “La vie de Samuel Belet”. « J’adore Ramuz. Il m’a fait aimer la littérature de la montagne et lui a donné des lettres de royauté. Il m’a ému. Samuel Belet est un héros émouvant que je n’oublierai jamais. C’est un livre inclassable et étonnant. J’adore aussi Hermann Hesse et Agota Kristof qui m’ont mis en colère. Et j’ai fait lire à mes élèves Joël Dicker. J’ai éclaté de rire en lisant ‘La vérité sur l’affaire Harry Quebert'”, a conclu Sarah Sauquet.
Pierre Philippe Cadert/olhor
Sarah Sauquet, “Les 1000 livres que tu as envie de lire”, éditions Glénat