
La situation dans certains hôpitaux français devient très critique. C’est le cas au Centre Hospitalier Régional de Metz-Thionville, où les urgences ne peuvent plus travailler en raison de l’absence de la quasi-totalité du personnel.
La crise de l’hôpital de Thionville, en Moselle, frôle le chaos. Presque toutes les infirmières et aides-soignantes “fatiguées” ont été mises en congé de maladie. “A la suite de plusieurs arrêts maladie déposés (vendredi) par l’équipe soignante, le centre hospitalier régional de Metz-Thionville modifie le fonctionnement des urgences adultes du CHU” de Thionville, “jusqu’au 6 janvier”, a-t-on annoncé. là le communiqué du centre hospitalier, qui a lancé son plan blanc ce samedi après-midi, 31 décembre.
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Si la prise en charge des urgences critiques par les équipes du SMUR est toujours “fonctionnelle”, les autres patients seront dirigés vers d’autres centres. Selon des sources syndicales citées par l’AFP, 55 infirmiers et aides-soignants sur 59 ont été placés en arrêt maladie, souvent sur décision des urgentistes eux-mêmes. “Nous en venons là car malgré leur engagement, les équipes sont fatiguées, épuisées, et incapables de fournir des soins de qualité, ce qui est inabordable pour elles”, explique Clarisse Mattel, infirmière et secrétaire générale du syndicat MICT-CGT. un problème qui dépasse la situation hospitalière. Tout l’hôpital public est en crise : nous ne pouvons plus prodiguer des soins adéquats aux patients.”
Plus de 90 heures sur civière
Le service des urgences, qui dispose de 12 boîtes d’accueil, enregistre plus de 100 passages par jour, et le CHR manque de lits et de personnel pour faire entrer les patients à l’hôpital après leur accueil aux urgences, soutiennent les syndicats. “Ces derniers jours, les patients s’étaient étirés dans le hall, alors qu’on a la chance d’avoir un brancard. Une nuit, on n’en avait plus, une femme s’est allongée par terre”, confirme un soignant qui a demandé à rester anonyme .
Plusieurs soignants rapportent un patient de 90 ans qui est resté “plus de 90 heures” sur une civière, et n’a été “changé qu’une seule fois” pendant cette période. “C’est devenu très compliqué d’assurer les besoins de base comme l’hygiène, la nourriture, et plus encore dans le contexte de précarité”, révèle Patricia Schneider, représentante du syndicat Sud-Santé au CHR. “Cela fait six mois que je suis là. Je suis venu aux urgences avec une boule au ventre. Six mois, j’ai eu peur d’ouvrir une porte et de trouver un mort sur un brancard derrière lui”, raconte une jeune infirmière, arrêtée pour “burn out”.
Un centre anciennement connu sous le nom de… François Braun
François Braun a dirigé le service des urgences du CHR jusqu’à sa nomination en juillet au poste de ministre de la Santé. “Les problèmes, il les connaît depuis longtemps”, affirme une infirmière. “J’espère que nous pourrons échanger avec lui bientôt sur l’évolution de la situation.”
Le départ de la directrice générale du CHR Metz-Thionville, Marie-Odile Sailard, est annoncé de longue date pour ce samedi 31 décembre. Son successeur n’a pas encore été nommé.
A l’hôpital de Sarreguemines, autre centre de la région mais non affilié au CHR, le mouvement de grève touche les urgences depuis le 23 décembre. Le mouvement devrait “se durcir” dans les prochains jours, a indiqué une source syndicale.