les réussites et les échecs de la France pour implanter des “méga usines”

Un voyage pour recoller les morceaux et sauver les entreprises européennes. Elisabeth Borne est à Berlin, ce vendredi 25 novembre, pour tenter de convaincre le gouvernement allemand d’accepter un programme européen équivalent au programme de défense des Etats-Unis qui, conjugué à la crise énergétique, pourrait menacer l’embryon de la réindustrialisation française.

Pour protéger leurs chances, la France, qui part de loin, a déjà commencé à subventionner des projets industriels spécifiques pour que des entreprises installent dans le pays des méga-usines qui permettront notamment des batteries faites pour les voitures électriques. Un dossier fondamental, sur lequel la France et l’Allemagne ont été en concurrence ces derniers mois. Tour d’horizon des succès et des échecs de la France.

Succès

Semi-conducteurs en Isère

La France et l’Europe manquent cruellement d’usines produisant des semi-conducteurs, des composants indispensables à la fabrication de produits électroniques. Aporie qui renforce la dépendance du continent vis-à-vis de l’Asie et des Etats-Unis. Mi-juillet, le franco-italien STMicroelectronics et l’américain GlobalFoundries ont pourtant annoncé l’agrandissement de l’usine de Crolles, près de Grenoble (Isère), pour tenter d’y remédier. 5,6 milliards d’euros y seront investis dans de nouveaux bâtiments, attendus en 2026. Une part importante sera apportée par des subventions de l’État, dans le cadre du plan France 2030. Au final, le site devrait fermer à 6 000 salariés, et être le plus grand site français. .

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Malgré tout, cela ne devrait pas suffire à rattraper le grand retard de la France dans ce domaine. Très critique du manque de moyens engagés en Europe par rapport à ses concurrents asiatiques et américains, le cabinet de conseil Robert Berger estime que cette usine n’augmenterait que de 2 % le niveau de production français de semi-conducteurs. « Il ne suffit pas de faire face au manque de puces »l’entreprise a fait remarquer à la presse Usine Nouvelle.

Batteries dans le Nord

Après avoir connu une désindustrialisation brutale et destructrice, les Hauts-de-France devraient voir émerger plusieurs usines importantes. La région accueillera bientôt la plus grande usine de séparation de batteries de voitures électriques d’Europe. Ces séparateurs sont un élément clé d’une batterie et sont désormais principalement fabriqués en Chine. Le sud-coréen Wscope s’est associé à la société française Alteo pour ouvrir ce site en 2026. Il faut investir 600 millions d’euros pour créer 1 000 emplois directs.

Les pièces produites doivent alimenter les trois grandes usines de batteries électriques qui seront implantées dans le nord de la France. Stellantis, propriété de Peugeot, devrait démarrer la production à Douvrin (Pas-de-Calais) l’année prochaine. Le français Verkor doit également ouvrir une usine à Dunkerque qui emploie 1.200 personnes. Et le chinois AESC-Envision va en installer un autre à Douai, avec également 1 200 salariés.

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ProLogium a des doutes

Une quatrième usine de batteries pourrait ouvrir en France. La société taïwanaise ProLogium veut s’implanter en Europe et garde un œil sur la France. “En Europe, nous regardons la France, mais aussi l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Pologne et les Pays-Bas. “, expliquait son PDG aux Echos en juillet dernier. Ce serait une usine pouvant accueillir entre 500 000 et 750 000 voitures électriques. L’entreprise fera son choix en fonction de la disponibilité et des coûts de l’énergie et des subventions proposées pour y remédier. Problème, l’entreprise est liée au constructeur vietnamien de voitures électriques VinFast, qui envisage également d’entrer sur le marché européen, mais devrait s’installer en Allemagne, selon le média spécialisé InsideEVs. ProLogium pourrait le suivre outre-Rhin.

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Vaccins modernes

Le laboratoire pharmaceutique Moderna envisage d’ouvrir une usine en Europe, pour développer des vaccins et des solutions thérapeutiques basés sur la technologie des ARNm, utilisés dans des vaccins spéciaux contre le Covid. L’entreprise américaine pourrait choisir la France pour cet investissement d’une valeur d’environ un milliard d’euros. “Il y aura des discussions régulières au plus haut niveau de l’Etat, y compris il y a quelques jours. Je sais qu’il y a une forte volonté du Président de la République”Stéphane Bancel, le patron de Moderna, l’a expliqué à l’AFP mi-novembre.

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“Comme d’habitude, il faut se mettre d’accord (…), on n’en est pas encore là, mais je pense qu’on avance. Continuons à parler : c’est bon signe. » Or, selon Le Figaro, Moderna veut que le gouvernement rachète ses vaccins contre les maladies respiratoires. Faute de garanties, la France avait abandonné l’usine de recherche et de production de Moderna en juin dernier, qui sera installée en Grande-Bretagne.

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jeu d’échecs

Intel a échoué

La France sera peu touchée par le plan d’investissement massif d’Intel. L’Américain, deuxième fabricant mondial de semi-conducteurs, va investir 80 milliards d’euros en Europe. La France n’hébergera aucun de ses trois sites principaux. Intel a préféré l’Allemagne pour sa gigantesque usine à 17 milliards d’euros, et l’Italie et l’Irlande pour deux autres sites industriels.

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L’Allemagne a profité de son avance en jetons. La région de Magdebourg, en Europe centrale, où sera construite une méga usine, attire les plus grandes entreprises du secteur sur le continent. La France ne peut que rejoindre un centre de recherche à Saclay (Essonne), qui travaille essentiellement sur les questions d’intelligence artificielle.

Musk évite la France

De la même manière, Elon Musk préférerait que l’Allemagne construise la “gigafactory” de Tesla en Europe, sortie de terre l’an dernier. 5 000 ouvriers y travaillent. Selon L’Express, le manque de terrains disponibles et le temps nécessaire pour construire un site d’activité en France auraient découragé le constructeur américain de voitures électriques.

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