
Destruction du Congrès des États-Unis, alors qu’une révolte de Trumpistes juge le favori, Kevin McCarthy, trop modéré.
Correspondant à Washington
La nouvelle majorité républicaine à la Chambre des députés n’a pas réussi à élire son président. Kevin McCarthy, le candidat républicain aux élections, ne pouvait pas se permettre plus de quatre voix dissidentes dans son caucus. Cinq opposants se sont prononcés par avance contre sa candidature. Ils étaient près d’une vingtaine à voter contre lui mardi après-midi lors de trois scrutins successifs.
Au lieu des 218 voix nécessaires pour remporter l’élection, McCarthy, représentant républicain de Californie, n’a obtenu que 203 voix aux deux premiers tours. Il a fait encore pire au troisième tour, perdant le soutien de 20 autres républicains. La réunion a été ajournée en fin d’après-midi et doit reprendre mercredi à midi.
Une formalité depuis un siècle
Cette situation est très rare, et cela ne s’est pas produit depuis cent ans. L’élection du Président de la Chambre par le parti majoritaire n’est généralement qu’une formalité. Cette crise indique la profondeur des divisions au sein du groupe républicain. Elle paralyse également le fonctionnement de la chambre basse du Congrès. Tant que le président de la chambre n’est pas élu, l’assemblée ne peut siéger, ni décider de l’ordre du jour, ni procéder à des nominations dans les différentes commissions parlementaires.
McCarthy a refusé d’admettre sa défaite. Après avoir reçu un appel d’encouragement de Donald Trump, il s’est assuré que l’ancien président lui demandait de rassembler le parti.
Chef de file de la minorité républicaine lors de la précédente législature, McCarthy était le favori pour succéder à Nancy Pelosi, la présidente démocrate, après la victoire des républicains aux élections de mi-mandat en novembre dernier. Cette victoire était moindre que le triomphe annoncé, mais suffisante pour reprendre le contrôle de la Chambre aux démocrates. “Le régime démocratique à parti unique touche à sa fin”La représentante républicaine Elise Stefanik a annoncé mardi la nomination du candidat. “Kevin McCarthy est un conservateur convaincu”, a-t-il assuré à ses compatriotes républicains, qui s’opposent à l’avortement, soutiennent le droit de porter les armes et se disent déterminés à réduire les dépenses publiques. Tout le monde n’était pas convaincu.
Lui aussiEn 2023, l’étau judiciaire menace de se resserrer sur Donald Trump
Pendant des mois, un petit groupe d’élus républicains parmi les plus radicaux ont annoncé leur refus de voir McCarthy au pouvoir, estimant qu’il n’était ni conservateur ni assez ferme pour affronter les démocrates, et ont même parfois voté avec eux.
Membres du Freedom Caucus (le groupe de liberté), ces radicaux ont fait pression sur McCarthy pour leur donner un droit de veto, modifiant les règles de la Chambre pour autoriser un seul représentant élu à chercher à défendre son président. . McCarthy fit de nombreuses concessions, mais refusa la mesure qui l’aurait placé sous le contrôle d’une poignée de radicaux, plus déterminés à régler des comptes qu’à légiférer de manière responsable.
“alligator”
“Si vous voulez drainer le marais, vous ne pouvez pas le laisser au plus gros alligator”, a déclaré Matt Gaetz, représentant de la Floride et l’un des opposants les plus virulents de McCarthy, utilisant une métaphore qui comparait Washington DC et le gouvernement fédéral à un marécage de corruption.
Les partisans de McCarthy ont accusé ce noyau d’opposants de démagogie. “Ils sont plus intéressés par leur propre notoriété que par principe”, a déclaré un représentant du Texas, Dan Crenshaw, l’un des partisans de McCarthy. Mais ces vingt frondeurs ont affirmé leur intention de maintenir leur opposition, voyant dans le vote un moment important pour donner au parti républicain une orientation conservatrice plus ferme.
Lui aussiLe fils politique de Nancy Pelosi, Hakeem Jeffries, écrit l’histoire
La présidente sortante de la Chambre, Nancy Pelosi, a terminé son mandat avec une ovation debout des élus démocrates. Son groupe a nommé Hakeem Jeffries, le premier Noir élu au poste de chef de la minorité au Congrès, pour lui succéder.
Si McCarthy ne recueille pas le nombre de voix nécessaire, les républicains pourraient être amenés à choisir un autre candidat. Mais cette mini-crise au sein du Parti républicain annonce déjà les difficultés qui attendent le prochain président de la Chambre lors de la nouvelle législature.