
En 1999, Warren Ellis a récupéré du chewing-gum mâché lors d’un concert de Nina Simone. Dans un livre de souvenirs personnels et de photos, il a fait de cette relique du chanteur une porte d’entrée vers son petit cabinet de curiosités intimes.
Un livre?! Lorsque Dan Papps, de la prestigieuse maison d’édition anglaise Faber, proposa à Warren Ellis de publier ses mémoires, il était en demi-teinte. Pourtant, sa vie est l’une des plus chargées et riches en rebondissements, matière pleine d’anecdotes.: après ses débuts dans le groupe instrumental Dirty Three, il accompagne Nick Cave sur scène pendant plus de 30 ans (il faisait partie des légendaires Bad Seeds), et compose scoresseul ou avec le grand Nick, de nombreux films (comme dans Cheveux blond par Andrew Dominik).
Quand Cave lui propose de participer à son exposition Plus étrange que la gentillesseà Copenhague, il a eu l’idée de montrer son “totem” : un chewing-gum mâché par l’énorme “Doctor” Nina Simone lors d’un concert en 1999 au Meltdown Festival, également réalisé cette année-là par Cave. Toujours amoureux de la performance de Nina”,dans un moment d’extase», dirait Nick Cave, Warren Ellis se précipita sur scène et empoigna le chewing-gum que l’icône avait abandonné sur son piano Steinway. Il le gardera avec lui pendant 20 ans. C’est en fait le pitch qu’il tiendra face au staff de Faber, étourdi.
Les souvenirs sont bons
Dans Le chewing-gum de Nina SimoneLa “violon fou» du groupe Nick Cave nous raconte, dans un fil rouge, les aventures tumultueuses de ce chewing-gum sacré qu’il conduit patiemment au statut de relique sacrée. Rempli de photos et tel un catalogue d’exposition, le livre n’est pas vraiment une biographie. Mais des digressions dans son passé aux inventaires de milliers d’objets trouvés dans des mallettes entassées dans sa maison au fil des ans et lors de tournées, en passant par des apparitions inquiétantes du fantôme de Beethoven, Ellis découvre un ton, une voix touchante, qui réconforte inébranlablement celui qui ouvre ce merveilleux article.