
L’existence d’eau dans notre système solaire, sous forme de brouillard et de glace, est depuis longtemps démontrée et discutée par les scientifiques. Mais saviez-vous qu’il y a aussi de l’eau ? Et même les mers parfaites ? Les études menées par les missions spatiales Galileo, autour de Jupiter, et Cassini, autour de Saturne, ont fait de grands progrès sur le sujet. Christophe Sotin, professeur au Laboratoire de planétologie et géosciences de Nantes, organise ce jeudi soir une réunion sur ce sujet*. Entretien avec cet astrophysicien de renom qui a été directeur scientifique de la NASA pour l’exploration du système solaire.
Vous expliquez qu’il y a des océans cachés sur les lunes de Jupiter et de Saturne. De quoi parle-t-on?
On parle d’océans liquides recouverts d’une calotte glaciaire de plusieurs kilomètres, voire de plusieurs dizaines de kilomètres. C’est invisible mais c’est là. C’est le plus grand des océans du monde. Son épaisseur peut atteindre 100 km, alors que la profondeur moyenne de nos océans terrestres est de 3 km.
En quel mois sont ces mers ?
Des champs magnétiques ont été découverts sur Europe, une lune naturelle de Jupiter, par la mission Galileo depuis la fin des années 1990. La meilleure explication de ces champs magnétiques, que l’on retrouve également dans les océans terrestres, est l’existence d’un océan salé profond. La vue est similaire à celle de Ganymède, la lune de Jupiter et la plus grande lune du système solaire. Des océans ont également été découverts sur Encelade, une petite lune de Saturne, et la mission Cassini y a découvert la présence de geysers. C’était surprenant car nous pensions qu’Encelade n’était qu’une boule de glace. Enfin, une autre lune pour laquelle la présence d’océans est confirmée, avec des conditions différentes, est Titan, la plus grosse lune de Saturne.
Ces océans sont-ils bons pour la vie ?
Oui absolument. C’est ce qu’on appelle les zones résidentielles. C’est un quartier résidentiel où il fait bon vivre. Ce n’est pas comme s’ils étaient occupés. Pour Encelade et Europa, cela ressemble beaucoup aux profondeurs des océans terrestres.
Peut-on s’attendre à y trouver des plantes ou des animaux ?
Non. Il vaut mieux penser à des organismes unicellulaires : bactéries, microbes… Les premières formes de vie sont apparues sur terre il y a 4 milliards d’années.
Comment en savoir plus maintenant ?
Allez jeter un œil ! C’est là que se trouve la mission Clipper Europe sera lancé en 2024 par la NASA pour l’étude de l’Europe. C’était un missionnaire européen qui s’est concentré sur Ganymède. Il y a aussi la mission Aucun pour aller sur Titan en 2028. Avec pour mission d’aller étudier Encelade en détail. La découverte des océans a suscité un grand intérêt dans la communauté planétaire. Des gens de toutes disciplines, biologie, chimie organique, pas seulement des astrophysiciens, y participeront.
Pourquoi ces découvertes sont-elles si surprenantes ?
Parce que l’eau est essentielle à la vie. Et s’il existe un lien entre la vie extraterrestre et l’émergence de la vie sur Terre est une question non résolue. Il y a aussi la question de savoir si la vie est unique à la Terre ou si elle peut se produire sur d’autres planètes. Ce programme est très intéressant et je le vois avec mes élèves et le public qui assiste aux événements.
Peut-on imaginer qu’il existe d’autres océans ailleurs dans le système solaire ?
Oui! Il y a beaucoup d’histoires sur l’océan dans Pluton, une autre dans Triton [lune de Neptune]. Il y a Callisto, une lune de Jupiter, et il semble y avoir une possibilité. Et il y a des océans qui auraient existé autrefois sur Cérès, maintenant une planète naine mais autrefois connue comme le plus gros astéroïde entre Mars et Jupiter. Il reste encore beaucoup à explorer !
* A 19h, ce jeudi, au Muséum d’histoire naturelle de Nantes.