

Plusieurs fois, Monsieur K. l’a vue traîner rue Manin, au 19e région de Paris. Elle criait aux passants, tantôt pour les frapper avec des cigarettes, tantôt pour leur faire payer quelques pièces. Monsieur K., un habitant de la résidence de Manin, l’a dit à la police. Il ne connaissait pas Dahbia Benkired, mais il la voyait de temps en temps et il se demandait si la jeune femme ne le dérangeait pas un peu.
Depuis le 17 octobre, Dahbia Benkired, 24 ans, est en détention provisoire à la maison d’arrêt de Fresnes (Val-de-Marne). Accusée de “meurtre d’une mineure de 15 ans” et de “viol avec torture et actes de barbarie”, elle est soupçonnée d’avoir tué Lola D., 12 ans, le 14 octobre à Paris. Un meurtre qui a choqué l’opinion publique. Dans les jours qui ont suivi, le président de la République, Emmanuel Macron, a reçu la famille de la victime à l’Elysée.
Confrontés le 17 octobre aux trois juges du tribunal de Paris qui instruisent cette affaire, dont Le monde a pris conscience, la jeune femme a choisi de garder le silence.
Une vie un peu chaotique
Ce lundi-là, elle sortait de quarante-huit heures de garde à vue dans l’immeuble de la police judiciaire de Paris, au 36 rue du Bastion, dans le 17e arrondissement. Entendue à six reprises, entre la soirée du samedi 15 octobre et la fin de journée du dimanche 16 octobre, elle a reconnu lors de sa quatrième audience, dimanche, en fin de matinée. D’ici là, elle ne livrera rien aux enquêteurs. Elle assure n’avoir rien à voir avec l’affaire qui a valu son arrestation samedi matin, peu avant 8 heures, chez une amie à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine) et qui vaut l’une de ses sœurs. , le plus vieux, 26 ans, également en garde à vue, dans le même immeuble du « 36 Bastion ». Cette dernière sera libérée sans qu’aucune charge légale ne soit retenue contre elle.
Dahbia Benkired est née le 12 avril 1998 à Alger. Elle est la plus jeune de la famille. “La mauvaise graine”comme l’aîné l’a dit aux enquêteurs. “Elle cause toujours des problèmes”, elle veut. Interrogée par un enquêteur de l’Association pour la politique pénale appliquée et la réinsertion sociale (Apcars) à l’issue de sa garde à vue, Dahbia dit être arrivée en France en 2014. Elle y est restée jusqu’en 2017, date à laquelle elle est rentrée en Algérie, avant de revenir. en France en 2018, avec un visa étudiant.
Quand viendra le temps de faire les démarches pour renouveler son titre de séjour, elle ne s’en souciera pas. Trop de papiers, trop compliqué, dit-elle d’un ton neutre. Aux policiers qui l’interrogent sur ce chapitre administratif, elle raconte une histoire étonnante sur la perte de documents. Puis elle raconte un vol. En fait, elle n’a pas de papiers. Depuis que son visa étudiant n’a pas été renouvelé en 2018, Dahbia Benkired est en situation irrégulière sur le territoire français. Les autorités françaises l’ont retrouvé en juillet, après son arrestation à l’aéroport de Roissy, au nord-ouest de Paris, alors qu’il se trouvait dans une zone réglementée. Après cet incident, l’administration a imposé une obligation de quitter la zone dans les trente jours. Un devoir qui ne sera suivi d’aucune victoire, ni d’aucun souvenir.
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